Cameroun
L’incubateur de start-up ActivSpaces, en plein cœur de la Silicon Mountain du Cameroun, prometteur il y a peu, est aujourd’hui quasi-désert. Ici, on nourrissait le rêve de se lancer à l’international depuis Buea, la capitale de la région du Nord-Ouest. Mais le conflit séparatiste qui sévit dans l’ouest anglophone du Cameroun freine ses ambitions.
“Normalement, dans cet espace, il y avait habituellement environ quinze, vingt-cinq personnes parfois même cinquante… C‘était un site très actif parce que c’est là que nos start-ups travaillent habituellement. Mais de nos jours, il n’y a qu’une seule personne (…). Encore qu’il n’est pas sûr de sortir de l’immeuble pour aller faire du développement client”, confie Valery Colong, directeur d’ActivSpaces.
En 2017, les autorités avaient coupé internet dans les deux régions anglophones du pays pendant trois mois, obligeant les acteurs de la Silicon Mountain — surnom inventé pour représenter l‘écosystème technologique de la région montagnarde du pays — à déménager leurs bureaux à proximité de Douala.
À Buea, beaucoup espèrent que la paix reviendra, mais peu d’entre eux croient au Grand Dialogue National concédé par le président camerounais Paul Biya, et qui doit s’ouvrir lundi à Yaoundé, pour régler la crise.
“Tout d’abord, ce dialogue n’est pas organisé dans un contexte normal de dialogue. Nous aurions souhaité que ce dialogue se déroule en terrain neutre. C’est comme si le chef de l’Etat et son gouvernement avaient organisé un match de football dont ils sont le commissaire, l’arbitre de ligne et l’arbitre principal, bref c’est celui qui a organisé le match qui décide qui va jouer et qui ne va pas jouer”, tente d’imager Blaise Chamango qui dirige une ONG camerounaise de défense des droits de l’homme.
Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, des revendications sociales des anglophones, qui s’estiment lésés par rapport aux huit régions francophones, se sont muées, en trois ans, en un conflit meurtrier entre groupes indépendantistes radicalisés et forces de sécurité dépêchées par Yaoundé, resté sourd aux attentes de la minorité anglophone, environ 16 % des Camerounais.
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